La semaine dernière, j’ai eu le privilège de représenter l’Association pour l’opéra au Canada (AOC) à la conférence d’Opera America à Memphis — une expérience aussi stimulante qu’inspirante ! Du dynamisme musical unique de la ville aux conversations percutantes qui ont animé les différentes séances, cette édition a été marquée par l’inspiration, l’urgence et un appel collectif à la transformation.
La prochaine ère de l’opéra : un appel à une vision audacieuse
L’une des séances phares, Opera’s Next Era, a réuni des leaders du milieu qui ont osé poser la question : à quoi ressemblera l’opéra en 2030, 2035 ou même en 2050 ? Alors que nous avons franchi le quart du XXIe siècle, cette séance a proposé des réflexions percutantes plutôt que des recettes toutes faites, en soulignant un désir commun de changement — que ce soit au niveau des modèles économiques, des processus créatifs ou de la pertinence sociale.
Parmi les interventions marquantes :
• Ekyndayo Bandele (Hattiloo Theatre, Memphis) a exhorté le secteur à affronter les enjeux d’équité et d’inclusion de manière frontale.
• Lidiya Yankovskaya (cheffe d’orchestre, Chicago Opera Theatre) a rappelé que les sièges vides ne sont pas justifiables — l’engagement du public doit être planifié en parallèle des objectifs de billetterie.
• Annie Burridge (directrice générale et PDG, Austin Opera) a insisté sur l’importance de l’unité, évoquant le pouvoir de l’opéra à rassembler des personnes aux opinions politiques opposées.
• David T. Little (compositeur) a proposé d’explorer des modèles hybrides à la croisée du lucratif et du non lucratif, s’inspirant du parcours des artistes qui équilibrent travail commercial et création.
• Davóne Tines (chanteur et créateur) a invité les participants à aligner leur pratique civique avec leurs valeurs personnelles.
• Rhiana Yazzie (librettiste, New Native Theatre) a posé une question puissante trop souvent absente des institutions : Est-ce que je me sens désirée, aimée et soutenue ici ?
• Jeffery Boid (directeur exécutif national, American Guild of Musical Artists) a appelé à des solutions concrètes pour contrer la chute des salaires et la précarité financière des artistes.
• Danielle Birrittella (artiste) nous a rappelé que l’opéra est un rituel — une pratique culturelle profondément nécessaire en cette époque de déconnexion.
Et Michael Mori (directeur général de Tapestry Opera) a posé une question qui résonne encore en moi : Sommes-nous les défenseurs d’une institution, ou les bâtisseurs d’un art vivant ?
Plusieurs séances ont exploré comment renforcer le rôle de l’opéra dans la société — en le positionnant comme un actif culturel irremplaçable grâce à une plus grande pertinence sociale et civique, et en mobilisant les donateurs comme ambassadeurs à travers des stratégies de financement participatif, inspirées de l’exemple de l’ALSAC (American Lebanese Syrian Associated Charities) et de son soutien à l’Hôpital de recherche pour enfants St. Jude.
Dans Tell Your Story, Be Your Story, les participant·es ont réfléchi à la manière dont les récits personnels peuvent briser l’isolement et favoriser un sentiment d’appartenance au sein d’un art historiquement exclusif. Une séance pratique sur les défis de communication a également offert des outils concrets pour améliorer le dialogue entre départements, artistes, administrateurs et conseils d’administration — soulignant la nécessité d’une communication équitable et connectée à tous les niveaux du secteur.
Des questions d’équité et de durabilité aux récits audacieux et à la construction de communautés, Opera America 2025 a suscité des conversations essentielles sur ce que nous sommes — et ce que nous aspirons à devenir — en tant que milieu. Je rentre au Canada avec des idées nouvelles, de nouvelles connexions, et un sentiment renouvelé de possibilités pour l’avenir de l’opéra — un avenir inclusif, innovant et résolument réinventé.
— Rasha Masalkhi